Difficultés de concentration chez un adolescent
En début d’année scolaire, j’ai rencontré à plusieurs reprises un lycéen de 15 ans ; lequel avait des problèmes de confiance en soi. Après avoir travaillé longuement cette problématique et constaté une amélioration dans son lien aux autres et sur le plan scolaire, il est revenu avec une demande spécifique : améliorer ses capacités de concentration dans le bruit.
Et c’était un grand changement pour lui de vouloir effacer ce qui le gênait dans ses apprentissages. Assez vite il avait distingué qu’oser être élève impliquait de prendre des risques, nous avions donc travaillé cela.
Comme il l’évoquait, c’était insupportable d’avoir de mauvaises notes en se donnant du mal. Il était donc plus facile de ne pas s’investir : aucun risque que la mauvaise note ne soit un reflet de ce qu’il était (on est d’accord que ce n’est jamais le cas mais à ce moment-là de son histoire personnelle, il s’agissait de sa perception à cet instant-là).
Apprendre à améliorer sa concentration
Après avoir travaillé un peu de méthodologie de l’apprentissage (mon ancien métier n’est jamais très loin !), les bonnes notes sont arrivées finalement. Dorénavant, le blocage ne résidait pas tant en lui que dans l’environnement extérieur.
Impossible d’apprendre et de se concentrer quand la distraction sonore autour était trop forte.
Difficile de demander aux gens de ne plus faire un seul bruit, bien entendu, surtout en collectivité.
Une concentration dépendante des bruits
Il venait donc avec une demande spécifique : travailler même quand il y a du bruit.
Plus facile à dire qu’à faire, hein ? En hypnose, on peut très bien halluciner du son : soit en créer, soit en faire disparaitre. D’ailleurs, parfois cela se fait sans même qu’on l’induise : on propose à un consultant de le guider quelque part et il part tout à fait ailleurs en toute bonne foi, ou alors il nous parle de phrases que l’on a dites pendant la séance et qui n’ont pourtant jamais été prononcées.
Ça, c’est donc possible. Il nous restait à voir comment il pouvait travailler cela. Il avait tendance, m’avait-il dit à faire du bruit sur sa chaise, avec son stylo. Des bruits secs, répétés et en saccade.
J’ai dans mon cabinet trois sortes de bruits potentiels : deux sont assez discrets — une pendule et un aquarium — et un autre plus présent — une musique — que je ne mets pas systématiquement, selon l’humeur du moment (ou tout simplement, j’oublie parfois !).
Je commence donc, cette fois-ci par une induction rapide (nous avons fait assez de séances pour que mon client parte en transe facilement) et nous explorons. Il parvient aisément à faire venir des bruits en transe, à se concentrer sur des choses qui n’existent pas.
Sa tête est donc capable de créer des bruitages, c’est parfait.
Les faire varier, réussi aussi !
Les faire taire : facile !
La concentration à l’épreuve du réel
Mais avec un bruit réel, c’est peut-être plus complexe. Le bruit d’une pendule que l’on n’entend pas et qui finit par nous marteler les oreilles une fois qu’on l’a perçue, on a tous connu ça au moins une fois. Je lui propose donc d’essayer de percevoir le tic-tac… qui est pourtant discret (ou bien je me suis conditionné pour ne pas l’entendre : et c’est donc que cela est possible !).
Tic… tac… il l’entend et se cale dessus, il prononce les mots en rythme et sa tête oscille. Je lui propose de faire gonfler le son, qu’il résonne encore plus dans sa tête, et prenne de plus en plus de place et qu’il soit de plus en plus fort.
Sa voix monte alors légèrement et des froncements de sourcils et une certaine moue sur le visage me montrent que l’exercice fonctionne et qu’il n’est pas agréable. Je questionne et ce n’est pas agréable en effet, ça empêche de penser et ça crispe le corps, pour lui.
Nous travaillons sur le ressenti des pensées qui ne peuvent plus arriver à l’esprit car le bruit occupe tout. Il décide que c’est le moment de ouater cette pendule. Il s’essaie à différentes combinaisons : faire diminuer l’intensité, focaliser sur d’autres bruits qui sont plus agréables. Peu à peu, sa voix s’apaise et son corps se relâche, son visage se décrispe. Je lui propose de rajouter des pensées agréables dans sa tête (il aime bien la nature) et il parvient à un compromis et tout est acceptable pour lui.
Nous recommençons à plusieurs reprises ce travail.
Lors des prochaines séances, il s’agit de s’éloigner de l’hypnose afin qu’il puisse s’approprier le travail par lui-même. Ce sera l’objet de mon second article !
Sources :
Fond de classe – Photo de Sam Balye sur Unsplash
Se boucher les oreilles – Photo de Aliaksei Lepik sur Unsplash
Le silence – Photo de Jon Tyson sur Unsplash
Pendule – Photo de Adam Kring sur Unsplash